samedi 29 décembre 2012

Le Fléau de Chalion, de Loïs McMaster Bujold



Titre : Le Fléau de Chalion
Auteur : Loïs McMaster Bujold
Editeur : Bragelonne
Couverture :
Illustrateur : Philippe Caza
Pages : 395 pages
Prix : 20 euros

Biographie auteur : (source : bragelonne.fr)

C’est en 1986 que Lois McMaster Bujold débarque sur la scène de l’imaginaire avec la série des Miles Vorkosigan, l’un des plus populaires space opera de notre temps. Et avec Bujold, populaire rime avec qualité puisqu’elle collectionne aussi les prix littéraires (Hugo et Nébula). Le Cycle de Chalion (nouveau doublé Hugo et Nébula) l’a imposée au premier rang de la Fantasy où la splendeur de ses images, l’intelligence de son propos et la sensibilité de ses personnages font merveille.

Synopsis :

A la veille du Jour de la Fille - la grande fête en honneur de la Dame Printemps, l’une des cinq grandes déités - un homme au corps et à l’esprit brisés avance lentement sur la route de Valenda. Ancien soldat et courtisan, Cazaril a survécu à l’indignité et à d’horribles tortures comme esclave à bord d’une galère ennemie. Aujourd’hui libre, tout ce qu’il cherche, c’est un travail subalterne dans les cuisines de la Douairière Provincara, dans la noble maison où il servit comme page durant sa jeunesse.
Mais les dieux ont d’autres plans pour cet homme humble. Accueilli chaleureusement, vêtu et nourri, il est nommé, à sa grande surprise, secrétaire personnel et tuteur de la Royesse Iselle - la sœur, belle et obstinée, du garçon impétueux destiné à devenir le prochain seigneur du pays. Mais ce poste placera Cazaril à l’endroit qu’il craint plus encore que la mer : la cour royale de Cardegoss, où règnent l’intrigue et la trahison. A Cardegoss, les puissants ennemis qui avaient jeté Cazaril aux fers d’une rame riknari occupent à présent les positions les plus élevées du royaume, juste en dessous du Roya.
Pourtant quelque chose de plus sinistre encore que leurs plans machiavéliques pend comme une épée au-dessus de la famille royale : une malédiction sanguine qui touche non seulement ceux qui règnent mais également leur entourage. Le futur d’Iselle et de la Maison de Chalion semble compromis. La seule solution pour Cazaril est d’avoir recours à la plus noire des magies, mais pour cela, il devra sacrifier sa vie...

Critique :
                Se déroulait dans un livre une intrigue de cours pernicieuse et captivante. C’est ainsi que commence cette dithyrambique critique, suite à une profonde immersion dans le monde de Tolkien. Mais ne vous fourvoyez pas, je ne ferais pas d’analogie hâtive. La seule dont je me permettrais est de dire que Loïs McMaster Bujold est une personne emprunte d’optimisme malgré sa mise en scène assez sombre. Les meilleures histoires mettent toujours en avant l’ombre afin de révéler une éclatante lumière.
                Si la corruption est totalement absente chez notre héros, à la fois modeste et courageux, ce n’est absolument pas le cas du reste de la cours où la faction du chancelier et son frère mène la barque en coulisse, tirant les ficelles derrière une famille royale affaiblie par une malédiction.
                Nous sommes donc plus dans l’ère du temps qui nous occupe avec une fantasy tendant vers un réalisme médiéval à la Georges Martin ou Robin Hobb. Sauf que notre auteure s’en tire extrêmement bien, avec un brio splendide. Le Fléau de Chalion est très poussé dans le détail d’un point de vue historique, c’est très appréciable pour un connaisseur soucieux du détail justement (sans crier à l’horreur à la moindre erreur historique). Non pas qu’il s’inscrive dans une histoire réelle, mais il en reprend des éléments dans une cohérence extrêmement bien gérée.
                Le réalisme n’est pas uniquement poussé par ces petits détails qui font la différence. Il n’y a pas d’héroïsation des principaux protagonistes, ni de dramaturgie excessive dans le sens où ces acteurs de hauts rangs nous apparaissent proches lorsqu’ils sont observés d’un point de vue privé et plus éloignés lorsque c’est en public.
                Dernier point de réalisme, bien que ce soit un concept très personnel, je peux le concevoir,  il n’y a pas de magie en Chalion. Ou plutôt, si, mais pas tel qu’on le voit habituellement. Il s’agit en fait de théologie rendue beaucoup plus concrète, avec des saints aux vertus divines prouvées, qui se reconnaissent entre eux à la lumière plus ou moins scintillante qui les entoure.
                Pour résumer, Le Fléau de Chalion, c’est une toile politique et théologique dans un one-shot extraordinaire de densité scénaristique dans sa brièveté relative, chose extrêmement rare sur le marché actuel de la fantasy privilégiant les cycles. Ne vous attendez pas à d’immenses batailles, mais je conseille urgemment ce travail d’orfèvre à tous ceux qui aiment les intrigues de cours réalistes, tortueuses à souhait et bien ficelées.

Note : 9/10
Un panthéon théologique intéressant, une cours corrompue, une famille royale maudite. Un incontournable. A dévorer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire