vendredi 24 janvier 2014

Lectures du Barouveur #1 : La Main gauche de la nuit, d'Ursula Le Guin

Titre : La Main gauche de la nuit
Série : Le Cycle de Hain
Auteur : Ursula Le Guin
Editeur : Le Livre de Poche
Date présente édition : 2006
Couverture :
Illustrateur : Jackie Paternoster
Pages : 350 pages
Prix : 6,95 euros

Biographie auteur :

Née en 1929 en Californie, Ursula Kroeber écrit sa première nouvelle à l’âge de onze ans. Elle obtient un MA de Langues et Littératures romans en 1952 puis épouse Charles Le Guin, d’origine bretonne, en 1954. Après avoir enseigné quelque temps le français à l’université, elle s’installe à Portland, dans l’Oregon et se consacre alors à l’écriture.
Dès 1964, elle se plonge dans la fantasy avec La Règle des noms mais c’est surtout son cycle de Terremer qui la révèle au public. Avec le cycle de Hain, elle aborde également la science-fiction et obtient grâce ses romans deux prix Nebula, deux prix Hugo et un prix Locus.
En 2007, elle remporte également le Grand Prix de l’Imaginaire pour le recueil Quatre chemins de pardon.
Son œuvre comporte aussi un cycle pour la jeunesse : Les Chats volants.


Synopsis :

Sur Gethen, la planète glacée que les premiers hommes ont baptisée Hiver, il n'y a ni hommes ni femmes, seulement des êtres humains. Des androgynes qui, dans certaines circonstances, adoptent les caractères de l'un ou l'autre sexe.
Les sociétés nombreuses qui se partagent Gethen portent toutes la marque de cette indifférenciation sexuelle. L'Envoyé venu de la Terre, qui passe pour un monstre aux yeux des Géthéniens, parviendra-t-il à leur faire entendre le message de l'Ekumen ?
Ce splendide roman a obtenu le prix Hugo et a consacré Ursula Le Guin comme un des plus grands talents de la science-fiction.

Critique :

                Il est une heure du matin, et j’entame l’écriture de cette chronique à marquer d’une pierre blanche puisqu’il s’agit de la première entrant dans le cadre des « Lectures du Barouveur », un joli mixe entre Baroona (likez sa page pour vous tenir informé et être approvisionné en lectures) et Dévoreur aux significations multiples. Tout cela n’aurait pu être possible si un jour, le sieur Baroona n’avait pas débarqué de façon fracassante sur mon blog. C’était un 3 janvier 2013. Il faut dire qu’il avait le feu aux fesses puisque qu’il venait tout juste d’ouvrir son propre blog, 233°C. Un nom original dont il n’a toujours pas révélé l’origine (c’est un appel de pied pour avoir la réponse). L’entente ne pouvait être que fructueuse, entre un amateur sur-consommateur (mouuuuâ) de mangas et un mec portant pour pseudo un personnage de l’excellent manwha Arès.

                Bref, amis lecteurs, je sais que vous n’aimez point lire (paradoxe, quand tu nous tiens :p), alors je vais enfin déballer mon sac sur La Main gauche de la nuit, au lieu de vous déblatérer notre belle histoire. En inconditionnels de ce blog, vous n’avez probablement pas manqué de voir passer la chronique sur Les Dépossédés d’Ursula Le Guin, incontestablement un excellent moment de lecture. Les mêmes qualificatifs pourraient être partagés par ces deux livres appartenant au même cycle. Ce sont des œuvres politiques, politiques et politiques. Mais pas que. Ce sont des œuvres intelligentes, humanistes et politiques (vous l’aurez compris pour ce dernier). Ursula Le Guin est une personnalité engagée à travers ses romans, emprunts de féminisme, de sciences sociales et de spiritualité.

                Étrangement, j’ai un regard assez différent sur cette lecture par rapport à mes lectures habituelles, car avec mon compère, nous avions établi un débriefing régulier tous les cinq chapitres. De ce fait, j’ai encore certains chapitres très présents en tête grâce à la force qu’ils dégagent. Car oui, La Main gauche de la nuit est un grand roman ponctué de passages grandioses, extrêmement forts dans l’humanité dégagée par l’auteure, et dont la réflexion intellectuelle pousse à l’admiration.

Et pourtant, ça reste un divertissement sans pareil, on ne s’ennuie pas à un seul moment. Même les chapitres au rythme plus lent sont intéressants dans la beauté du décor évoqué, soutenu par une élégante plume, et dans les relations humaines. Je ne veux pas faire peur à certains en rabâchant le pendant politique et intellectuel de l’œuvre. Ça reste très accessible à la lecture, ce n’est pas de la hard science. Si je devais faire une comparaison que j’ai sorti à Baroona dans nos échanges, c’est celle avec le cycle de Lanmeur de Christian Léourier, ou encore d’Un milliard de tapis de cheveux d’Andreas Eschbach. Il y a cet aspect d’anthropologie des mœurs d’une société humaine exotique dans un contexte planet opera envoûtant. On ajoute la présence de notre héros Genly Aï qui représente une confédération interplanétaire supérieure, au moins technologiquement parlant, dans l’optique de créer un pont avec de nouvelles sociétés.

Car oui, la planète Géthen ne comporte pas une seule et même société. Malgré l’ère glaciaire qu’elle vit, Ursula Le Guin installe une toile de fond très riche en évitant tout manichéisme (parce que c’est très mal d’être manichéen). Lorsqu’on croit avoir fait le tour d’une question, de nouveaux détails et rebondissements, parfois brillamment dramatiques et inattendus, apparaissent systématiquement, ponctués par des chapitres contant les légendes de ce monde afin de donner une dimension supplémentaire aux événements. Ouvrez la première page de La Main gauche de la nuit, et vous voilà happé par une curiosité insatiable.

Note : 9/10
Un bijou de SF intelligente, engagée, divertissante et bien écrite, accessible à tout le monde à divers niveaux de lecture. A dévorer absolument.

L'avis de Baroona : http://233degrescelsius.blogspot.com/2014/01/les-lectures-du-barouveur-1-ursula-k-le.html

6 commentaires:

  1. Hé ben ! Quelle chronique élogieuse ! Je note… ;)

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    1. Faut sauter dessus, très accessible niveau prix en poche en plus :)

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  2. *jette des pierres blanches*
    J'ai bien fait de faire une mauvaise chronique, je savais que la tienne remplirait efficacement son rôle de donner envie aux gens. ^^
    Je remarque tu n'as pas oublié, à la différence de mon honteuse personne, de placer le mot qui caractérise le mieux cette oeuvre : anthropologie.
    Fiou, ce livre est vraiment excellent. Merci de la découverte. =)

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    1. :)

      Le pire, c'est que j'ai torché l'écriture en une petite demi-heure à une heure du matin. J'étais inspiré grâce à nos petites discussions ;)

      (J'adore le mot "anthropologie", ça me rappelle Blair Sandburg, dans la série The Sentinel :p)

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  3. Pour ceux qui lisent l'anglais :
    “Love doesn't just sit there, like a stone, it has to be made, like bread; remade all the time, made new.”

    et, tiré des Dépossédés :

    “It is our suffering that brings us together. It is not love. Love does not obey the mind, and turns to hate when forced. The bond that binds us is beyond choice. We are brothers. We are brothers in what we share. In pain, which each of us must suffer alone, in hunger, in poverty, in hope, we know our brotherhood. We know it, because we have had to learn it. We know that there is no help for us but from one another, that no hand will save us if we do not reach out our hand. And the hand that you reach out is empty, as mine is. You have nothing. You possess nothing. You own nothing. You are free. All you have is what you are, and what you give.”

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  4. Ravie de voir que Ursula te plait toujours autant, ça me donne envie de relire ce roman tiens.
    J'ai tendance à dire qu'elle écrit de la "hard science humaine" personnellement (du coup c'est plus accessible que de la physique quantique mais elle est clairement à la pointe dans son domaine, j'ai pas rencontré d'équivalents)

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