lundi 10 mars 2014

Un autre Dévoreur au ciné #2 Snowpiercer : Le Transperceneige



Ce film de Bong Joon Ho nous interpelle aux abords d'une période post-apocalyptique où la
Terre se trouve perpétuellement recouverte d'une épaisse couche de neige et de glace. La vie à l'extérieur devient alors impossible, et pousse l'Humanité à se réfugier dans un unique train infaillible, à l'itinéraire constant, dix-sept années durant. Cette représentation qui hérite de la BD française de Jacques Lob pointe du doigt de nombreux vices (drogue, violence...) de notre société et l'absurdité de la condition humaine.

Ce scénario qui se veut profond et ingénieux n'est pas à l'abri de certains défauts et invraisemblances, et d'une certaine touche de fantastique (don de prédiction d'une jeune fille) dont le réalisateur aurait pu volontiers s'abstenir - à mon goût -, ou aurait au contraire dû l'approfondir jusqu'à le rendre crédible dans un univers qui se voulait plus ou moins fidèle au réel. L’on retrouve également tout un enchaînement de simples aperçus des différents wagons, sans la moindre volonté de recherche ou de créativité, ainsi qu’un gros manque de mise en scène. Le spectateur se perd donc quelque peu et se voit même contraint de se regarder lui-même dans un monde identique au sien, aux stéréotypes forcés, avec pour seule particularité d'avoir un environnement physique limité. Le réalisateur accélère le rythme exactement là où il aurait été intéressant de s'arrêter et de développer : comment la vie est-elle rendue possible dans un train ?

De plus, un certain nombre de questions et de points demeurent dans l'ombre, peu explicités, peu creusés. L'intrigue s'enferme dans le désir de vengeance du personnage principal, Curtis (interprété par Chris Evans), et délaisse alors un nombre considérable de pistes qu’il aurait été intéressant d’exploiter. L’objectif principal est oublié : ce n’est plus qu’un combat personnel pour un groupe qui se voulait à la base révolutionnaire et désirait améliorer les conditions de vie des prolétaires. De même, la fin se délite dans des explications fabuleuses et par un grave manque de réaction du personnage de Wilford face à la destruction de son chef d’œuvre, le train. Mais malgré ces touches qui font quelque peu défaut au film, ce dernier reste empreint de bonnes idées et d'un panel surprenant d'images magnifiques et d'effets spéciaux travaillés.

En effet, l'intrigue demeure tout de même recherchée, innovante avec un jeu d'acteurs remarquable, et contraste bien entre un Curtis au visage violacé (dans l’une des dernières scènes), symbole d'une jeunesse malade et d'un peuple victime de la pauvreté, contrebalancé par le calme plat et serein qu'aborde le vieux Wilford bourgeois. La fin, peu prévisible, relance le tout d'un souffle d'espoir, d'une possibilité en l'homme de perpétuer. Le tableau final parle de lui-même : une jeune fille blanche, forte, prend sous son aile un enfant noir où la place donnée à la femme et à l'acceptation des différences n'est certes pas bénigne. On applaudit donc finalement ce film réalisé par Bong Joon Ho, beau et à tendance introspective pour le spectateur.
 
Signé : Eäron Valil  


Un avis différent : Le Dévoreur au ciné #6

3 commentaires:

  1. On est d'accord, la BD est mille fois meilleure !

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  2. Le film est bordélique à souhait, mais il y a beaucoup de bonnes idées et un second degré décapant (« bonne année ! »). J’ai aimé l’ensemble, avec ses défauts :)

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  3. Beaucoup aimé ce film. Pas lu la BD. Mon image préférée du film c'est à la fin, avec l'ours blanc. J'y ai vu une certaine ironie, sachant que l'ours blanc est le symbole des conséquences sur la faune du réchauffement climatique.

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